La mobilité douce recentre Grenoble sur le petit paysage

La visite de Grenoble en vélo par les paysagistes-conseils de l'État lors de leur séminaire a donné lieu à un article du Moniteur sur les mobilités, publié le 14 septembre 2020.

 

La mobilité douce recentre Grenoble sur le petit paysage

Laurent Miguet |  le 14/09/2020  |  Grenoble,  collectivites,  Mobilité

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Grenoble passe avec succès le test du pédaleur extérieur. Familiers de la pratique du vélo en ville, les paysagistes conseil de l’Etat l’ont unanimement reconnu, le 10 septembre lors de la visite de la ville organisée dans le cadre de leur séminaire technique annuel : la lisibilité et la continuité des parcours cyclables change tout. Ces qualités tranchent avec la réalité de nombreuses grandes villes de France.

Parmi les aménagements récents des voiries du centre de Grenoble, le cours Berriat illustre la priorité accordée aux modes doux et actifs : les voitures n’y circulent plus qu’à sens unique. Conforme au gabarit dénommé « chronovélo », une piste cyclable bidirectionnelle prend la place de l’ancienne seconde voie pour automobiles, tandis que les piétons profitent des trottoirs élargis qui ont succédé aux stationnements.
 

Chemin pionnier

La crise sanitaire devrait accélérer le déploiement du réseau métropolitain de 40 km de voies rapides pour vélo, programmé jusqu’en 2023 : sur la rive gauche de l’Isère, la nouvelle « tempovélo » (également surnommée « coronapiste ») a déjà trouvé ses cohortes d’usagers qui justifient le projet de pérennisation.
 

La volonté de cohérence se manifeste jusqu’à la desserte des pas de portes, comme en témoigne le verdissement du chemin Jésus, une ruelle de l’hypercentre : « les habitants ont majoritairement exprimé leur réticence, face à l’idée de plantations en pleine terre le long des façades », témoigne Killian Debacq, chargé du projet « Jardinons nos rues » au service municipal des espaces verts. L’infiltration passera finalement par les trouées de verdure moulées dans les carrés de béton qui remplacent l’ancien enrobé dégradé.
 

Façades vertes

La ville n’abandonne pas pour autant l’objectif d’associer les habitants à la végétalisation des façades, y compris dans les quartiers anciens surveillés de près par les architectes des bâtiments de France, d’abord réticents.

Rôdé au cours du mandat écoulé dans des petits squares ou sur des trottoirs, le plan participatif « Jardinons nos rues » privilégie désormais les pieds d’immeuble, avec des moyens techniques nouveaux : « Le carottage des voies, sur des profondeurs de 40 cm, succède aux chantiers de découpe, décaissage et poses de membranes, beaucoup plus longs et plus chers », explique Killian Debacq.

Ajoutée à la déminéralisation partielle des voies et à leur végétalisation, l’articulation du réseau métropolitain et de la desserte des habitations joue un rôle crucial dans la bataille pour la qualité de l’air, symbolisée en trois lettres : ZFE, comme zone à faible émission, une politique dans laquelle se sont engagées 27 communes, sur les 49 adhérents de la métropole, pour mieux respirer au creux d’une cuvette géographique mal ventilée.
 

Autoroutes pour vélo

« Dès 2014, nous avons choisi de commencer le débat public par les modes actifs, afin d’éviter la dérive des plans de déplacement qui privilégient les populations hypermobiles, au détriment des plus jeunes et des plus âgés », explique Yann Mongaburu, président du syndicat mixte pour la mobilité dans l’aire urbaine grenobloise. Pendant huit mois, un groupe de travail sur les autoroutes pour vélo a planché sur le design, la signalétique et les aires de service.
 

Dans ces aménagements, la large place offerte au matériau bois d’origine locale répond à l’analyse de Yann Mongaburu : « Avec ses vues sur les montagnes, l’agglomération s’illustre dans le grand paysage. Notre marge de progrès concerne surtout le petit paysage, source de confort et de plaisir pour les usagers de l’espace public. Les transitions donnent l’occasion d’accélérer cette mutation ». D’où ce message de l’élu, le 10 septembre aux paysagistes conseil de l’Etat : « Nous avons besoin de votre expertise ».
 

Marge de progrès

Plusieurs d’entre eux situent la marge de progrès dans les arbres, encore absents des grands axes récemment interdits aux automobilistes, à l’exception des résidents et des conducteurs de véhicules utilitaires munis d’une vignette.

Des maîtres d’œuvre extérieurs à la collectivité auraient-ils raison des réticences des concessionnaires de réseau ? Emise par plusieurs paysagistes, l’hypothèse mériterait peut-être de nouvelles expériences pionnières…

 

 

Baignade urbaine : le dilemme de Villeneuve

Comment agrandir le plan d’eau du parc Jean Verlhac sans dénaturer l’oeuvre créée voici un demi-siècle par Michel Corajoud ? Cette question figure parmi les enjeux majeurs du projet de rénovation urbaine du quartier de Villeneuve, au sud de Grenoble.

 Depuis les années 1970, les habitants plébiscitent la baignade, sur les 4000 m2 de l’étang artificiel de 60 cm de profondeur, au cœur du parc de 14 hectares. La ville ambitionne de donner un rayonnement métropolitain et une gestion plus rationnelle à cette fontaine urbaine, vieillissante et fissurée : sa maintenance actuelle passe par un vidage complet et  un nettoyage manuel toutes les trois semaines.

 Directrice de projets pour le réaménagement des espaces publics des secteurs de la ville concernés par le programme de renouvellement urbain, Manon Locatelli résume l’état actuel du dossier : 
« La phase diagnostic de l’étude de faisabilité lancée fin 2019 a conduit à écarter l’hypothèse d’une baignade artificielle, qui suppose une clôture et un comptage des utilisateurs. Une baignade naturelle impliquerait un plan d’eau de 10 000 m2, à insérer dans l’œuvre de Michel Corajoud, ainsi que des renouvellements d’eau beaucoup plus fréquents, toutes les 48 ou 72 heures ». La ville suit la piste de la mutualisation des usages, entre baignade et arrosage.

 

 

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